C’était comme si le monde avait tout à coup vieilli. Comme ça, du jour au lendemain. Tout était mourant, gris et fade. Les lumières vives avaient perdu leur éclat, les horloges semblaient tourner au ralenti. Les couleurs étaient passées, délavées ; les rues étaient sombres et sales. Les gens déambulaient au hasard, erraient sans but au milieu des voitures abandonnées. Même les enfants paraissaient vieux, ridés, gris, tristes. Tous les regards étaient vides et aveugles. Le monde tel qu’il était hier n’existait plus. L’espoir lui-même avait disparu. L’idée même d’existence semblait s’être perdue dans le néant. Slalomant entre ces âmes vidées je ne me sentais pourtant pas vieux, je n’avais pas l’impression d’être comme elles. J’étais rapide, j’étais vivant, j’étais plein d’espoir. Ce mystère n’en était donc pas un, je rêvais, rien de plus.